Les minutes s’étiraient en heures, et les journées passaient lentement. Le soleil se levait, se couchait, puis la lune prenait le relai continuellement, régulièrement, lentement.. Plus rien n’avait alors de valeur, pas même les secondes, les minutes qui défilaient fatalement.. La brune ne voyait même plus le temps passer. Tout avait tendance à lui paraitre trop long mais pourtant trop insignifiant pour y apporter une quelconque importance. Sa mère allait mourir. Idée qui venait, partait, revenait, pour finalement hanter ses pensées à jamais. Et, il n’y avait aucune raison pour qu’elle subisse ces secondes, ce temps qui passait, la menant ou plutôt les menant vers la fin. Une fin inévitable, funeste, malheureuse. Encore plus malheureuse que maintenant. Puis, pourquoi fallait-il que son ami, celui qu’elle avait longtemps aimé secrètement; celui qui avait dicté ses pas mal assurés, maladroits; celui qui avait dompté son cœur; celui qui lui redonnait confiance; celui qui l’appréciait et la défendait du tout au tout et contre tout; pourquoi fallait-il que cet ami là, la laisse complètement tomber au moment où elle avait manifestement le plus besoin de lui…Durant plusieurs années, il avait redonné des couleurs au monde, à son monde, pour mieux les laisser se dissiper, s’annihiler. A deux, ils avaient battis un empire, et désormais c’était tout un univers qui s’effondrait. Un jour il était dans ses bras, le lendemain il avait disparu.

« Où est Islène ? » entendit-elle murmurer dans le couloir. Elle ne broncha pas.

Allongée contre le carrelage froid et dur de sa chambre, Islène semblait examiner le plafond avec un certain intérêt. Et pourtant les apparences étaient trompeuses. La belle regardait la chose avec une totale indifférence, comme absente, les yeux perdus dans l’intensité de l’obscurité qui régnait dans la pièce. Immobile à l’image d’une statue de marbre, seules les larmes chaudes qui ruisselaient le long des joues pouvaient être visible, de même que ses inspirations régulières se faisaient entendre. Pourquoi fallait-il que la vie, que l’homme soit si cruel ? Pourquoi fallait-il que toute la noirceur de se monde s’abatte sur elle au point de la perdre. Et, encore une fois, elle s’abandonnait et la torpeur l’entrainait de force dans un gouffre, une abime, elle était submergée, assaillie, par un trop plein d’émotion auxquelles elle était incapable de faire face. Le manque, la frustration, le malheur, le besoin, l’envie, la solitude… Sa mère lui manquait, elle avait besoin de lui, d’eux… mais rien personne. Islène devait continuer à sourire, à faire comme si tout allait bien, comme si elle allait bien, à refouler ses émotions, ses peurs, ses envies… parce que c’était nécessaire, parce que c‘était pour le bien de tous. Islène ne devait inquiéter personne. Ses problèmes devaient rester siens.

« Dans sa chambre » répondit la voix de sa sœur aînée.

Finalement, c’était peut être mieux ainsi. Pourtant, elle avait envie de casser cette ambiance tendue, de leur hurler que la mort éminente de sa mère ne devait pas être une mort pour chacun d’entre eux dès maintenant. Que lorsqu’elle serait partie, eux resteraient… Quant à T. bien qu’elle s’empêchait de lui parler lorsqu’elle le croisait dans l’un des couloirs de Poudlard, à ce moment précis, elle aurait voulu lui hurler tout les mots aussi durs et méchants fussent-ils à la gueule; lui hurler tout ce qu’elle ressentait; lui hurler qu’il était tout aussi minable, ridicule, con, que ces pseudo-sang-purs qui se prennent pour plus qu’il ne sont, pour supérieurs; tout ces sang-purs de qui il l’avait un jour défendu; qu’il en été arrivé à leur niveau voire même pire. Oui, ce qu’il avait fait était bien pire que tout ce qu’ils avaient pu lui faire. Trahie ? Oui, il y’avait de ça. Au fond, Islène méritait mieux, elle ne devait pas lui courir après. Un abruti qui finalement se joue 'mouton' et vous laisse tomber sans un mot, n‘en vaut vraiment pas la peine. (…) Même l’Irlande paraissait fade, sans odeur, ni saveur, sans lui, sans leur perpétuelles débandades lors des vacances. N’importe qu’elle partie du monde semblait dépeuplée désormais. Ils étaient voisins et pourtant elle avait l’impression d’habiter à des kilomètres de lui. Comme si une abysse les séparait maintenant.
Ces vacances ci, elle les avait passé dans sa chambre, enfermée, à penser, ressasser les souvenirs, jauger le temps qui lui restait, et attendre impatiemment de retourner à Poudlard pour au moins échapper à l’ambiance étouffante et pesante de la maison. Échapper à son chez elle était maintenant devenu essentiel, c’était toujours lorsqu’elle y était que son moral flanchait.

Ce n’est que lorsqu’elle entendit le bruit des pas lourds et trainants de son père se diriger vers sa chambre qu’elle se décida à se lever pour se débarbouiller. Au moins cela. Elle ne devait rien laisser transparaitre, surtout pas devant lui. Lui, qu’elle entendait pleurer tout les soirs depuis ses huit ans, peut être plus. Ca lui faisait mal et elle voulait être forte, au moins pour lui. Islène se dirigea vers la salle de bain, verrouilla la porte et laissa couler l’eau. Un seul regard au miroir suffit à lui faire peur: son mascara avait coulé le long de ses joues, ses cheveux était ébouriffés, en bataille, ses yeux étaient rougis. Sa poitrine se souleva dans un douloureux soupir, elle ferma les yeux un court instant avant de détacher sa robe et la laisser glisser à ses chevilles puis se glissa dans l’eau chaude.

De mille saveurs, une seule me touche, lorsque tes lèvres, effleurent ma bouche fredonna-t-elle dans un soupir inaudible.

Et, la belle passa le reste de sa soirée à se rappeler le passé, qui n’était plus que de vague et flou souvenirs qu’elle seule aimait se remémorer, à quoi elle seule se rattachait. A se rappeler qu’elle était plus que jamais seule, maintenant.

Aller, souris Islène. murmura-t-elle de la même manière, gardant les yeux fermés.