« Toi et moi, on sera jamais frère et sœur. » Ces mots faisaient impitoyablement mal. Surtout quand vous les entendez à 10 ans et qu'ils sortent de la bouche d'un petit garçon qui a un an de plus que vous. Même si je restais impassible à une telle provocation, je bouillonnais au fond de moi. Ce fut notre première rencontre, bien avant le mariage de ma mère et de son père. On ne s'était rien dit jusque-là, on s'était contenté de se regarder droit dans le blanc des yeux. Cette injonction fut ses premiers mots qu'il m'avait adressée. Pas une salutation. Rien. Joignant mes épais sourcils entre eux, je lui répondit sur un ton que je voulais cassant. « Et bien mon vieux, ça ne risque pas d'arriver. »

On s'y perd un peu quand on connaît pas totalement la situation, n'est-ce pas? Je vous raconte mon histoire sans m'être présentée et sans avoir commencé depuis le début. Je m'appelle Gwendolyn Wilhelmina Thomas, je suis née un 16 mai 1992 et je suis une sang-mêlée. Mais tout le monde m'appelle Gwen et je préfère ça. Ma mère descendait d'une longue lignée de sorciers de sang-purs et qu'elle décide de s'enticher d'un moldu. Un sacré scandale m'avait-elle confiée en riant ; elle était la sorcière la plus talentueuse et la plus belle de sa génération. Tous les mages lui avaient fait la cour mais elle était tombée amoureuse de mon père, un moldu et un pompier. Un coup dur pour la communauté de la magie. Mais de ça, elle s'en foutait car elle était amoureuse et elle a eu deux petites avec l'homme qu'elle aimait ; moi et ma petite sœur Robyn, de 4 ans ma cadette. Un amour qui s'interrompit quand mon père meurt dans un incendie lors d'une mission de sauvetage. C'est étrange, mais depuis sa mort j'ai développé ma pyrophobie, la peur de feu. Alors, pendant de longues années, elle a vécu seule avec moi et Robyn jusqu'à qu'elle rencontre cet homme. Grand, austère, peu bavard et lui aussi veuf avec un enfant à charge, un fils. Mon beau-frère. C'était quelqu'un de peu aimable et peu causant aussi, qui n'essaya même de s'intégrer dans notre duo qu'on avait formé avec Robyn et moi. On avait grandi tous les trois, sans un mot, sans un regard ; une vie de famille pas tellement cool.

Le jour de mes 14 ans, quand j'avais reçu ma toute première lettre de Poudlard, je fus euphorique. Je fus contente d'aller dans une école pour y rencontrer d'autres jeunes sorciers qui avait aussi tout plein de rêves en tête, comme moi je l'espère. Mais ce que j'espérais, c'était de rentrer dans la même maison que ma mère ; Gryffondor. Elle m'avait racontée que toute notre famille y était passée. Je croisais les doigts pour y faire partie, mais aussi pour ne pas être avec mon beau-frère ; il était aussi à Poudlard mais pas dans la maison de Gryffondor.
Le 1er septembre 2006, je montais dans le Poudlard Express qui amenait tous les élèves dans l'école de magie. Juste avant le départ du train car j'étais encore restée pour saluer une dernière fois ma mère et Robyn. Une fois montée dans la wagon, je m'installa dans un compartiment libre, en face d'un jeune garçon blond aux yeux foncés. Et d'autres jeunes nous rejoignirent. Le silence s'installa dans ce compartiment. Chose que je n'aimais pas. Je ne cessais de regarder sans cesse le garçon blond en face et lui faisait un petit sourire timide. En ayant assez du silence, je le rompis en m'adressant aux autres mais aussi tout spécialement à mon voisin d'en face ; « Je ne sais pas pour vous, mais je rentre en première année et … je ne connais personne. Je m'appelle Gwen ... et vous ? » C'était la meilleure amorce pour engager une conversation. Selon leurs témoignages, eux aussi étaient des premiers années et ça me rassurait. Tous s'étaient présentés, même Easton, le petit blond dont je vous parlais. Le train s'était enfin mis en marche et je m'étais mise à discuter avec mes camarades. Mais Easton ne participait pas à notre conversation ; je m'inquiétais pour lui. Il n'avait rien dit ni même bougé quand la dame aux confiseries était venue nous voir. Je m'étais sentie bien bête quand je lui avais proposé mon chocogrenouille qu'il a poliment refusé ; j'avais l'impression d'avoir fait une bêtise. Avant notre arrivée, nous devions mettre nos robes de sorciers et Easton et un autre garçon étaient partis se changer mais n'étaient jamais revenus.
Sur le quai, nous étions emmenés à des barques qui aillaient nous amener au château. Je vis Easton et me mit avec lui dans la même barque. Et avec lui, j’observais le magnifique qui s'offrait à nous. Pour moi, Poudlard était la plus belle chose que je n'avais jamais vu depuis mes 14 ans. Arrivés dans la Grande Salle, nous pouvions voir le Choixpeau Magique qui tronaît sur le siège. Lui seul décidait de notre maison, de quel groupe nous appartenions. Avec cette idée en tête, j'angoissais. Après qu'une ribambelle d'élèves passa, ce fut le tour d'Easton. Je croisais les doigts en espérant qu'il soit également dans la même maison que moi. Bizarrement, c'était la première personne auquel j'avais le plus envie de m'approcher. Je ne savais pas pourquoi.
Serpentard fut sa destination qu'avait choisie le Choixpeau. Étrangement, le doute m'envahit, de même que la déception. Pourquoi n'étais-je pas heureuse de le voir dans une autre maison, avec un groupe il saurait s'épanouir ? Je m'étais même demandée si je n'entrerais pas à Gryffondor. Mais quand on m’appela, je marcha machinalement vers le siège et m'assis. A peine avait-on posé l'objet magique sur mon crâne que j'entendis beugler ; « Gryffondor. » J'étais heureuse. J'étais tombée dans la maison que je désirais. Euphorique, j’accours vers la table où se trouvait mes camarades.
Après le dîner d'accueil, on monta dans les dortoirs. Et nous les premières années avons le nôtre que nous aurons durant toute notre scolarité. Tandis que je m'installais en vidant ma valise, ma voisine se débattait du mieux qu'elle pouvait avec sa surcharge de vêtements. Je vins à son aide comme je le faisais toujours avec les autres et n'eut pas de mal à la reconnaître ; elle était dans le même compartiment que moi et Easton - et un autre garçon aussi -. Si je n'avais pas oublié, elle s'appelait Ava. « Bonsoir, je crois qu'on s'est croisées aujourd'hui. Je suis ravie d'être à Gryffondor, pas toi ? » J'acquiesçai. J'avais senti dès cette première rencontre que nous entendrons à merveille.

Me voilà à présent en 6ème année. Enfin, je vais bientôt entamer ma sixième année et j'ai eu mes BUSES avec la moyenne. J'ai bien changé depuis mes 14 ans, mais je suis quand même restée la même ; toujours aussi bavarde, gentille, sociable. J'ai aussi découvert les soirées arrosées, ça c'est moins plaisant, mais j'ai toujours fait attention avec l'alcool. Je me suis fait des amis et gardé les mêmes depuis ma première année. Et oui! Je suis avec Easton. Je trouve vraiment ridicule ces préjugées entre les maisons et cela empêche de bonnes relations entre les élèves ; les Serpentard ne sont pas forcément imbu d'eux-mêmes. Enfin bon, Easton n'est peut-être pas une bonne figure pour autant mais je l'apprécie tel qu'il est. On est comme les deux doigts de la main ; inséparable. Il y a aucun relation amoureuse entre nous, juste une très bonne amitié. Je ne sais pas ce qu'ont les gens à penser que, le fait que je sois une fille, et lui un gars, nous sortions ensemble. A un moment, j'y ai pensé mais je n'étais pas attirée par lui ; il était comme un frère pour moi, c'est tout.
Quant à Ava ; elle est comme moi, mais en pire. Toujours à s'exciter pour un oui ou un non, deux fois plus pipelette et beaucoup moins futée que moi. Pourtant elle a eu son BUSE l'an dernier. Il m'arrive de me demander ce qu'elle faisait à Gryffondor. Mais en même temps, je me serai ennuyée sans elle. Si il y avait des choses que je ne pouvais rien confier à Easton, c'était toujours vers elle que je me tournais. Robyn est entrée à Poudlard l'an dernier et elle est à Gryffondor tout comme moi. Vous ne pouviez pas savoir à quel point j'ai été heureuse de l'avoir à mes côtés, dans la même école, dans la même maison. Avec mon beau-frère, on se contente de s'ignorer. Très peu savent que nous appartenons à une même famille à présent, même si nous avons pas le même nom. L'éviter le plus m'aillait à merveille. Mais certains évènements ont quelque peu chamboulé les choses.

Tout à commencer durant la semaine qui avait précédé notre rentrée de cette année ; ma mère et son mari étaient partis en voyage, entre amoureux. Robyn était avec des cousins du côté de notre mère. Seuls mon beau-frère et moi étions restés à Londres, ensemble. On ne se parlait peu, voire pas du tout, et ça aillait comme ça. Un soir, avec des amis, j'étais sortie dans un bar londonien. Il était là aussi, mais avec ses amis à lui. Mais nous n'étions pas adressés un seul regard. Heureusement pour moi que je n'étais pas avec des amis de Poudlard.
Et on avait bu. Beaucoup bu au point que j'étais devenue ivre comme je ne l'ai jamais été. Le lendemain, le black-out totale. Je ne me souvenais plus rien de la soirée mais j'avais vite deviné ce qui était passé. Je m'étais retrouvée nue dans mon lit. Avec mon beau-frère, également nu. Inutile de vous faire un dessin pour vous dire ce que j'avais deviné.
« C'est quoi ce merdier ?!» Moi aussi j'aurai bien voulu le savoir! Ramassant mes affaires et en m'habillant à la va-vite, je me perdais mon sang-froid ; « Il se passe que toi et moi on a sûrement couché ensemble et que j'ai perdu ma virginité avec mon beau-frère ! » Je ne m'étais jamais sentie aussi humiliée. J'avais l'impression d'avoir été violée. Le poussant hors de ma chambre, je lui dis avant de fermer la porte au nez ; « Personne doit le savoir. PERSONNE.NE.DOIT.LE.SAVOIR. » Me fixant avec un air désemparé, il me répondit avec la même phrase que je lui avais dite quand j'avais 10 ans ; « Et bien ma vieille, ça ne risque pas d'arriver. »