Un calme effrayant régnait dans l'immense salle à manger du manoir des Strauss-Brown, seuls les couverts claquaient parfois contre les assiettes en porcelaine, que la mère Brown avait reçu en héritage de sa charmante tante. Le silence à table était la doctrine de la famille, Archilbald s'y était fait, aucuns mots, aucunes paroles. Le jour où il eu enfin le courage d'ouvrir la bouche et d'affronter la colère de son paternel, il avait treize ans, treize ans sans parler lors des repas, on aurait pu penser qu'il en avait des choses à dire. Au contraire, il n'avait qu'une seule et unique chose à dire, la seule chose qui lui tenait à cœur. Avant de briser le silence, il ferma les yeux et pris une profonde inspiration comme pour se donner du courage, jamais avant aujourd'hui il n'avait tenter de braver son autorité, il lui vouait un culte, que le père ne méritait pas, c'était certains.« Père ?» Premier regard noir, petit cris de surprise de la matriarche. Archibald n'y prêta pas attention, il avait un but, une envie, sa passion. Dernière respiration, et il débita un flot de parole, qu'il n'avait cessé de répéter devant le miroir de sa chambre, se préparant à l'affronter.« Je sais qu'il nous est interdit de parler lorsque nous sommes à table, cependant vous n'avez toujours pas répondu à ma requête du mois dernier. J'ai reçu une lettre du conservatoire de magie, pourrais-je y passer une année, père ?» Madame Strauss-Brown manqua de tomber de sa chaise, Archibal quant à lui fixait toujours son paternel droit dans les yeux, il savait qu'il venait de déclencher une colère noire chez lui, mais ne sourcilla pas. Toute la soirée il s'était entrainée, avait choisi ses mots de manière à ne pas trop le mettre en colère, et même si le jeune homme savait y faire avec sa mère qui lui cédait tout, son père était bien plus difficile à apprivoiser et à vrai dire il n'y était jamais parvenu, peut-être étaient t-ils bien trop semblables pour cela. « Perdre une année dans ce centre de musique dirigé par des sangs de bourbes ? C'est hors de questions Lucius ! Et tu connaissais ma réponse, la musique est faite pour les moldus et les marginaux de la société, nous sommes une famille respectable dans le monde de la magie, ne va pas salir notre réputation avec ces idioties. Tu seras privé de cet instrument ridicule jusqu'à nouvel ordre, à présent monte dans ta chambre et laisse nous diner en paix.» Madame Strauss-Brown ouvrit la bouche pour intervenir en faveur de son fils, parce qu'elle l'avait initié à la musique, ils partageaient cette passion ensemble, c'était bien la seule chose qu'ils avaient en commun, mais son mari la fit taire d'un geste de la main. Les yeux embués de larmes, Archibald sorti de table calmement, ne souhaitant pas montrer à son père à quel point il était touché par sa réaction, sa réponse il la connaissait, il s'en doutait, mais à présent il savait que musicien, il ne le serait jamais, profession d'égocentrique et de marginal, et jamais il ne souhaitait décevoir son père, alors jamais il n'irait étudier dans ce conservatoire, jamais il n'atteindrait son but. D'un pas fébrile il regagna sa chambre, c'est seulement quelques mois plus tard qu'il eu l'autorisation de jouer du piano, ce soir là il composa sa première musique, il avait treize ans.


« Lucius, on devrait pas être là, si mon père nous trouve, on est mal, très mal. Et puis s'il nous a dit que c'est dangereux, ce n'est pas pour rien, tu ne crois pas ? » Voilà une bonne heure, qu'Archibald et que sa seule véritable amie, Penny marchaient dans les dédales de la forêt environnant le manoir des parents de celle-ci, ceux si étaient beaucoup moins conservateurs et n'avaient pas élevés leur fille à la manière éducation classique. Ils étaient bien plus ouvert que les parents d'Archibald, alors le jeune homme venait passer la quasi totalité de ses vacances chez la jeune fille, depuis leur huit ans. Ici, il se permettait bien plus de choses que chez lui, ils avaient une liberté impressionnante, et malgré cela ils cherchaient à franchir les limites toujours un peu plus. Et ce soir là, la limite était la forêt, celle qui leur était interdite, comme celle de Poudlard, qu'ils pensaient d'ailleurs bien moins dangereuse, mais ils se trompaient. Le ciel était noir encre, et les deux jeunes gens avançaient grâce à la clarté de la lune et à leur baguette magique dont le lumos parvenait un peu à braver l'obscurité. Lors du diner du soir, le paternel de Penny leur avait dit que quelques sombral venaient parfois passer leur nuit dans la forêt. Le jeune n'y croyait pas, alors lorsque tout le monde était couché, ils étaient sorti par la fenêtre de la chambre de Penny, et ils y étaient allé, seulement la jeune femme commençaient à regretter amèrement de l'avoir suivit, surtout qu'en plus des bruits étranges qui résonnaient au plus profond de la forêt Lucius s'amusait à lui faire peur en éteignant sa baguette et en l'effrayant dans l'obscurité. « Ils disent tous que c'est dangereux à Poudlard, et combien de fois on a été dans la forêt et qu'il n'y avait rien de bien méchant ? A chaque fois, alors ici je suis sur que c'est la même chose et on peut tout les deux voir les sombral alors ce serait dommage de rater ça, tu ne crois pas ? Et puis vous les Gryffondor vous êtes reconnu pour votre courage et tu es à Gyffondor, que je sache, non ? » Archibald était un beau parleur, il avait toujours su comment amener les gens à ce qu'il voulait et sa meilleure amie n'échappait pas à la règle, mais c'était volontaire, ils ne s'étaient jamais trahi, toujours suivi.« D'accord on continu, mais arrête de me faire peur sale crétin, en plus les bruits étranges se rapprochent. » Nouveau bruit, bien plus proche, bien plus amplifié. « Archibal putain, je viens de te dire d'arrêter, j'ai la trouille quand tu fais ça ! » - « Quand je fais quoi ? J'ai rien fait la Penny ! » Un nouveau bruit se fit entendre et elle comprit qu'effectivement, cette fois ce n'était pas lui. Ils se retournèrent instinctivement vers la source du bruit. Ils se jetèrent un regard et comprirent bien vite de quoi il s'agissait : un loup garou, et il les avait senti, et vu, très bien vu. Leurs mains se lièrent l'une avec l'autre et ils reculèrent doucement, pour ne pas exciter ou mettre en colère le lycanthrope qui n'avait pas l'air des plus courtois. Mais il avançait en même temps qu'eux reniflant l'air de son énorme museau, lorsqu'il avança plus vite, les deux jeunes gens furent obligés de courir sans regarder derrière eux, malheureusement. Il courrait plus vite, bien plus vite et il avait l’embarras du choix, et il se porta sur Archibald. Toute sa vie il avait eu de la chance, c'était son tour à présent. De tout son long, il glissa sur le sol, Penny qui se rendit compte de sa chute, s'arrêta et se retourna, ils se trouvaient à quelques mètres d'elle, le loup garou penché sur Lucius qui ne bougeait plus, tétanisé au sol par la peur, une douleur intense lui ravageait le torse, sa respiration se faisait extrêmement rapide et il sentait le souffle chaud de la bête juste au dessus de son visage, il espérait profondément que Penny était partie, parce que tout était de sa faute, c'est lui qui les avaient entrainé ici, c'est lui qui méritait ce qui lui arrivait. Mais non, elle n'était pas partie, elle faisait preuve d'une loyauté à toute épreuve et même si elle avait peur, même si elle savait qu'elle risquait c'était son ami, son meilleur ami, alors elle était prête à ça pour lui. « Diffindo » . La bête poussa un cri horrible, relâcha l'emprise qu'elle exerçait sur Archibald, pour passer sa pâte sur la coupure profonde que venait de lui infliger Penny. La jeune homme ne prit pas le temps de réfléchir, se débrouillant tant bien que mal à rejoindre la jeune femme en courant. Le lycanthrope ne comprit pas tout de suite, mais quand il se lança à leur poursuite, c'était trop tard, il avait déjà rejoint le manoir, plus précisément la chambre de Penny, non sans mal et elle craqua. « T'es complètement malade Archibald, on aurait pu se faire tuer, t'es un sombre crétin, le seul débile capable de se faire chopper par un loup-garou, et tu pense qu'à ta gueule parce que moi aussi j'aurais pu me faire tuer ! » Les larmes déferlaient à présent sur ses joues, elle avait eu tellement peur, peur de la mort, pour de se perdre, peur de le perdre. Non, malgré ce qu'elle avait baux dire, elle ne lui en voulait pas, et d'un geste naturel elle le serra dans ses bras, faisant ressentir à Archibald cette horrible douleur sur le torse qu'il avait presque fallut oublier. Il souleva alors son t-shirt, Penny et lui se jetèrent un regard, une morsure, ils avaient compris. Certaines personnes pensent que l'enfer c'est la perte d'un être cher, la souffrance, la mort, d'autre que c'est la perte de l'espoir, un espoir bien futile, parce que tout est futile, tout, même une vie humaine, c'est la conclusion à laquelle était parvenu Archibald, après cette nuit. Parce que l'enfer il l'avait vécu, non il n'avait pas perdu l'espoir, ni même un être cher, il avait souffert, mais tout cela n'était rien à côté de l'échec, parce qu'il avait échoué, il avait joué, bravi les interdits, et il s'était perdu en cour de route. Lucius Archiblald Strauss-Brown, était devenu un loup de la société, un loup tout court, malveillant et malfaisant, après tout c'est ce qu'il était déjà, mais à présent il s'en rendait compte. Lors de sa morsure, il avait seize ans et il n'y aurait jamais de guérison, il était destiné à passer toute son existence comme cela, ce n'était finalement pas un marginal de la société, mais un monstre, et si son père venait à l'apprendre ce serait bien pire.


A croire que même les êtres incontestablement différents peuvent s'aimer, à croire que la barrière du sang ne change rien à cela, à croire que tout est possible, mais c'est faux, tout n'est pas possible, même si c'est la seule chose que l'on souhaite, même si on ne peut cesser d'y croire, le mot impossible existe, alors parfois ce que nous désirons le plus ne peut pas se réaliser. Séphora Blackheart, surement l'une des plus belle fille de Poudlard, et seul dieu sait combien de beauté peuplent l'école, cependant Archibald avait toujours préférer l'inaccessible à l’accessible, surtout lorsqu'il s'agissait des femmes, il aimait leur prouver qu'il était irrésistible et il y parvenait toujours peut importe le temps que cela prenait, il y parvenait, renforçant un peu plus son estime personnelle. Personne ne pourrait dire si avec cette fille là, tout est différent, ou s'il recommence une nouvelle fois son petit jeu, s'il s'amuse encore et encore, parce qu'il ne ressent rien. C'était différent, oui, mais il refusait de se l'avouer, de toute façon dans son esprit étriqué, elle n'était qu'une sang de bourbe, et il s'en amusait, comme toujours, avec lui rien ne changeait, mais ses proies habituelles n'avaient jamais eu de sang moldu dans les veines, non et jamais il n'avait été aussi proche d'une sang de bourbe, il les reniait, il les jugeait et il les écrasait, ça ne changeait jamais. Avec Sephora c'était son jeu, Lucius avait trouvé son point faible et il s'en amusait, à chaque insulte, elle sortait de ses gonds ce qui la rendait encore plus attirantes, personne ne comprenait leur petit jeu, ils était à la fois proches et horriblement éloignés, comme si parfois il n'y avait rien entre eu et à d'autres instants une falaise, mais jamais ils n'avaient osé franchir la limite de leurs lèvres. Ils se croisaient très souvent, à vrai dire Archibald faisait en sorte que cela arrive, il ne pouvait passer un jour sans la taquiner et proférer ses insultes habituelles, il se voulait méchant, mais ne l'était pas vraiment, il avait juste besoin de sa présence. Cependant, cette fois, il devait tout au hasard, à croire que la tour d'astronomie était un endroit propice aux rencontres, c'est là qu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, c'est ici qu'ils s'y retrouvaient. « Tiens, si ce n'est pas la Sang-De-Bourbe ! » Le voilà qui recommençait, c'était une sorte d'automatisme chez lui, mais dans cette situation, ce n'était pas vraiment une insulte, juste un moyen de signaler sa présence, parce qu'il n'y avait que lui pour la nommer ainsi, irrespectueux et l'arrogant Strauss-Brown, il suivait machinalement les traces de son père. « Ne. M'appelle. Plus. Jamais. Comme, Ça. Merde. » Ses petites mimiques d'énervement et ses fossettes, avaient le don de le faire totalement fondre et cette fois, il ne se contrôla pas, il la poussa contre le mur et joignit sauvagement ses lèvres aux siennes, ils s'embrassèrent un long moment et même si elle se débattait il parvint à la maitriser en planquant ses poignets contre le mur. Lorsqu'il fut à bout de souffle, il se retira lentement comme s'il ne souhaitait pas mettre fin à leur baiser passionné. « Je te l'avais bien dit que tu m'aimais ! » Il cherchait un excuse à son acte imprévisible et irréfléchi, alors ce fut l'excuse du "la preuve que tu m'aime". Elle lui cracha une insulte à la gueule et joignit une nouvelle fois ses lèvres aux siennes, pour le moment il ne se posait pas de question. S'il l'aimait, il n'en savait rien, seulement qu'elle était une sang de bourbe et lui un sang pur.


Cher crottin d'hippogriffe (excuse Penny c'était trop tentant),

Je ne comprend toujours pas pourquoi tu préfère que l'on s'écrive des lettres pendant les vacances, c'est ridicule tu sais, encore un truc de fille que je ne comprendrais jamais, mais ma grande tante en séjour chez nous dit que c'est une excellente idée, alors si ça me permet de me faire bien voir et d'avoir une part de son héritage, cela ne me déplait pas tant que ça finalement. Je vais faire court, parce que c'est pas mon truc les lettres et tout les trucs dans le genre, que toi tu aime. Alors merci, ouais tu sais pour le soir dernier, on épiloguera pas parce que j'ai pas envie d'en parler, on verra bien ce que ça donnera, peut-être que l'on s'est trompé et que ce n'est rien, oui j'suis sur que c'est rien. Mais il y-a des choses bizarres en ce moment, j'ai un sentiment étrange, c'est plus comme avant. Je ne me souviens de rien, je ne sais même pas qui j'étais, ni même de quel côté j'étais, c'est comme si tout m'échappais, comme si ma vie antérieure me filait entre les doigts, comme si je ne comprenais pas une partie de ma vie, parce que tout est lié. Cependant, je sais une chose de cette période, j'étais malveillant et je le suis toujours. Et puis il y-a cette fille qui me jette des regards étranges, empli de colère et d'un certaine tristesse, comme si elle m'en voulait, mais je ne l'a connais pas, elle me regarde comme si j'avais fait des trucs honteux, horribles et dégueulasses et au fond ça ne m'étonne pas, cela ne fait que renforcer l'idée que j'ai. J'sais même pas pourquoi je te dis ça, peut-être que c'est rien et tu as des choses plus graves à penser. Pourquoi tu me l'as caché Penny ? Ta mère à fini par cracher le morceau à la mienne, elle a pleuré toute la journée dans ses bras, d'ailleurs ça a eu le don d'exaspérer mon père, mais on s'en fou, c'est pas le genre de truc qu'il comprend, la maladie, la mort il s'en fou complètement. T'aurais dû me le dire tu sais, je croyais que tu ne me cachais rien, apparemment c'était faux. Tu mérite pas ce qui t'arrive Penny, j'aurais compris tu sais, je me serais fait un raison, tu sais à quel point c'est facile de s'adapter, mais toi je te laisserais pas, jusqu'à la fin Penny.

Quelques mois plus tard, Penny est décédée, atteinte d'une maladie génétique. Tout le monde pensait qu'elle pourrait guérir, que cela ne s'achèverait pas ainsi, il y-a eu un rétablissement, de l'espoir et une nuit elle s'est endormie et ne s'est plus jamais réveillée. Archibakd en a été extrêmement touché, il n'en a jamais rien montré, il est simplement devenu encore plus froid et désagréable qu'à l'habitude, elle avait été celle qui avait partagé son secret, celle qui le comprenait, Penny avait était la seule amie.