Encore une longue journée qui se termine. L'envie d'hurler « Alléluia » se fait sentir, mais je me retiens. J'ai fait ma ronde, je rentre à présent au dortoir avec soulagement. Je déambule dans les couloirs des cachots en souriant, à cette heure-ci, il n'y a plus personne. Peut être bien le concierge qui traine pour surveiller les élèves qui m'auraient échappé. Peu importe, je n'ai qu'une envie : aller me coucher, tout simplement. Ma dernière entrevue avec Briséis m'avait secoué, pas spécialement dans le bon sens du terme. Je n'avais jamais eu l'impression d'être seul, pourtant j'ai beau être entourée d'une marée humaine que je me sens toujours aussi seul. Après avoir traverser le couloir, j'arrivais enfin devant le tableau de la salle commune des Serpentard. « Fourchelang », dis-je avec sérieux. Le tableau s'ouvrit , laissant voir l'entrée de la salle commune. Enfin, un lieu familier et réconfortant. La salle commune était vide, tant mieux. Je soufflais un peu avant de m'affaler dans un canapé qui se trouvait dans un coin de la salle. Ayant la flemme de me lever pour prendre un livre dans la petite bibliothéque de la salle, je pris ma baguette et murmurai. « Accio historique des victoires au Quidditch. ». Je commençais alors ma lecture, essayant de me détendre. Chose peu aisée lorsque nous sommes importunées toutes les deux secondes. « Salut, Emrys. », me dit Sam avec une voix aguicheuse. Je soufflais, n'ayant qu'une envie : être tranquille ! « Salut Sam. », répondis-je en me replongeant dans mon bouquin. Elle s'assit sur l'accoudoir de mon siège et se pencha à mon oreille. « Je t'attendais, je m'ennuyais un peu toute seule. Je voulais savoir si tu voulais qu'on s'amuse un peu tout les deux ... », dit-elle. Sa main sur ma cuisse, tu joue un jeu dangereux ma petite ! Je fermais mon bouquin d'un geste sec. Il claqua dans la pièce silencieuse. Elle sursauta, j'en profite alors pour retirer sa main de mon genoux. Je me lève pour aller le reposer, comptant aller me coucher. Seul. « Je n'ai pas la tête à ça, ce soir. Désolé. », déclarais-je, sans une once de remords. Je n'étais pas désolé, non plus. « On a toujours la tête à ça. », réitéra t-elle. Essayant de me coincer en la bibliothèque et son corps. En temps normal, je me serais sans doute prêter au jeu, mais là, je n'étais vraiment pas d'humeur. J'attrapais alors ses poignets et m'écartais d'elle sèchement. « Non, c'est non. », je lui assène avec dureté. Une moue boudeuse s'affiche sur son visage, ce qui ne lui va pas du tout. Cette moue, lui déforme le visage. « Fais pas cette tête, tu te prends dix ans de plus dans la tronche. », rajoutais-je. Je sais, je suis un goujat, mais qui s'y frotte, s'y pique. Elle part, très en colère et me laisse seul. Enfin.

J'en profite pour monter dans mon dortoir où les autres doivent être entrain de dormir ou alors entrain de se balader dans les couloirs de l'école. Je gravis les marches d'un pas lourd et certainement pas gracieux pour un sous. En ouvrant la porte, je m'aperçois que personne n'est dans son lit. Tant pis et tant mieux pour moi. « Lumos. », je murmure alors. Je balance ma baguette sur mon lit, et commence à me déshabiller. Je balance mes vêtements au pied de mon lit, ne prenant même pas la peine de me vêtir de mon pyjama, je me plonge doucement dans mes draps avec un soupir de soulagement et en espérant que Sam, ne reviendrait pas à la charge ce soir. Car oui, les garçons n'ont pas le droit d'avoir accès aux dortoirs des filles. Vous savez le gentil escalier qui devient toboggan lorsque nous posons un pied dessus. Et bien par contre, ces dernières sont autorisées à accéder aux nôtres. C'est pourquoi je serais bien tenté de jeter un sort du style « collaporta » pour verrouiller la porte. Mais bien sûr, ce stupide directeur à ensorceler les dortoirs pour qu'on ne puisse pas s'y enfermer. Totalement stupide ! On fait comment pour se protéger pendant notre sommeil maintenant ? Tu te débrouilles mon gars, tu te débrouilles !Bien que mes pensées soient perturbées, je commence lentement à sombrer dans les bras de Morphée avec une joie non feinte.

Cette journée de cours avait été d'une banalité affligeante et la belle blonde était entrain de conclure un devoir à rendre pour d'en une semaine en plein milieu d'une bibliothèque complètement déserte en raison de l'heure avancée. Contrairement aux apparences qui laissaient penser aux premiers abords qu'elle n'était pas très studieuse, Cordélia était une élève exemplaire qui rendait toujours ses devoirs en temps et en heure et qui avait des notes excellentes. Du fait qu'elle étudiait tous les étés les programmes qu'elle aurait à la rentrée, elle s'ennuyait juste pendant les cours, devant tout revoir une seconde fois. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne faisait pas les choses correctement, bien au contraire. Cependant, elle n'avait jamais été une lèche-bottes et elle ne comptait pas changer ça. Les professeurs s'arrachaient littéralement les cheveux avec elle : comment réussir à sanctionner une gamine qui avait toujours la bonne réponse quand on essayait de la questionner en traitre ou qui rendait des devoirs excellents. Mademoiselle Dawkins-Buckley était une épine dans le pied du corps professoral, une épine qu'ils ne pourraient tous retirer de leurs pieds que dans deux ans et pour le moment, ils étaient obligés de faire avec. Souriant doucement alors qu'elle mettait un point final à son essai sur une quelconque potion, la serpentarde enroula son parchemin et le glissa dans son sac en bandoulière alors qu'elle quittait les yeux, non sans avoir salué pour une dernière fois la gérante de l'endroit. C'était bien l'une des seules personnes à qui elle semblait montrer un peu de respect et cette dernière ne s'en plaignait absolument pas, bien au contraire : c'était une marque de reconnaissance qui lui faisait somptueusement plaisir de la part d'une gamine aussi farouche et insaisissable pour qui avait le malheur de tenter de le faire. Mais pour l'heure, la blondinette avançait tranquillement en direction des cuisines du château, ayant manqué le repas du soir pour plusieurs raisons. Premièrement, elle tenait vraiment à finir son devoir cette nuit mais aussi, depuis quelques temps, elle devait non seulement esquiver les tentatives de séduction d'Anatasie mais en plus, celles d'Auxence, autrement dit, elle était dans un beau pétrin. Le seul moyen d'y échapper était de manger avec Nolhan qui avait – avec ses ondes de grand frère protecteur – le don de les calmer un peu et de les tenir éloignés d'elle, du moins pour un temps. Mais ce dernier lui avait certifié que ce soir, toute l'équipe de Quidditch de Gryffondor devait s'entrainer et que donc, il sauterait le repas. Autrement dit, elle n'avait pas eu d'autre choix que de le faire elle aussi. Et le résultat était que maintenant, elle était littéralement morte de faim. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à chatouiller la petite poire pour pouvoir aller saluer ses amis les elfes de maison – avec qui elle s'entendait très bien – elle entendit ce qui semblait être une discussion malveillante entre deux jeunes filles de sa maison qu'elle ne connaissait que trop bien. Sam la bêcheuse et une de ses meilleures amies. Pendant une minute, elle n'eut que l'envie de les éviter ou de les ignorer royalement mais elle ne put s'empêcher de capter une bribe de leur conversation et quand le nom d'Emrys parvint jusqu'à ses oreilles, elle se colla contre le mur, se cachant dans la pénombre pour ne pas être vue alors qu'elle écoutait désormais avec la plus grande des attentions ce qu'elles pouvaient se raconter. Elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils, mécontente, alors qu'elles partaient dans une sorte de grande discussion complètement fantasque sur comment elles comptaient mettre le beau blond dans leur lit mais quand la préfète les vit se séparer alors que Sam venait dans sa direction, un sourire presque démoniaque vint arrondir la courbe de ses lèvres alors qu'une idée tordue naissait dans un coin de son cerveau. La jeune fille comptait rejoindre Emrys en douce dans son lit cette nuit? Elle n'aurait même pas le temps d'essayer : Cordélia Dawkins-Buckley allait se charger d'elle ici et maintenant. Attendant qu'elle ne soit plus qu'à quelques mètres d'elle, elle finit par jaillir devant elle avant de lui offrir son sourire le plus hypocrite au monde, l'autre reculant d'un pas avec un air soupçonneux.

CORDELIA - «  Dis j'ai entendu pour toi et ta copine... Sam, voyons tu connais Emrys... Tu ne peux rien obtenir de lui s'il a l'estomac vive voyons ! Et je sais que c'est le cas ce soir puisqu'il était avec moi à la bibliothèque pour travailler ! Cependant, si tu veux vraiment que ça marche pour ce soir... J'ai peut être un petit tuyau que je peux te refiler ! Suis-moi ! »

Lui faisant un clin d'œil malgré son visage visiblement peu convaincu, Cordélia s'engouffra dans les cuisines alors qu'elle entendait finalement l'autre la suivre, ce qui lui fit lever les yeux au ciel. Classique. Ces petites idiotes de groupies n'apprendraient donc jamais? Se rapprochant d'un bac noir dans le fond, elle entrouvrit ce dernier le montrant à sa camarade qui, s'en comprendre où son ainée voulait en venir, se pencha pour regarder à l'intérieur. Grand bien lui fasse : la blondinette se déplaça derrière elle pour lui donner un coup de pied dans le derrière, la faisant tomber a l'intérieur avant de refermer le tout à clef. Et une Sam coincée dans les ordures du château, et une ! Elle rit d'autant plus qu'en elle entendit l'autre pester dans le bac en tapant contre ce dernier, lui intimant l'ordre de sortir. Tapotant dans la main de l'elfe de maison qui venait de la rejoindre, elle se pencha pour se mettre à la hauteur de ce dernier alors qu'elle prenait la parole pour s'adresser à ce dernier.

CORDELIA - « Ne la laisse pas sortir avant demain matin, d'accord ? Elle a une bonne leçon à apprendre et passer la nuit ici ne lui fera pas de mal !... Et oh, si vous pourriez me préparer un bon gâteau au chocolat et m'apportez de quoi boire pour deux personnes, vous seriez des amours ! »

Et dix minutes seulement plus tard, et alors que Sam continuait à hurler dans son coin, elle quitta les cuisines pour retourner à la Salle commune des Serpentards avec sa nourriture, cependant, une fois arrivée sur place, elle ne monta pas dans son dortoir, non, elle se rendit dans celui des jeunes garçons de cinquième année. Après être entrée discrètement et sans se faire repérer en posant ses effets sur une table basse, elle s'approcha du bout du lit d'Emrys passant ses bras par dessus la partie boisée pour attraper ses chevilles en poussant un cri de guerre avant de rire comme une folle. On pouvait dire tout ce qu'on voulait, elle s'amusait comme une petite folle à l'emmerder en permanence comme ça et ce soir, elle avait bien envie de recommencer. D'autant plus qu'il était temps qu'elle aborde un sujet sérieux avec lui. Un sujet qui s'appelait Briséis.