Dégoûtée. C'est le seul adjectif qui pouvait qualifier mon état d'esprit à l'heure actuelle. Pourquoi? Il vous suffisait juste de voir qui se trouvait assis à côté de moi, cette personne abjecte qui me considérait déjà comme sa propriété à peine avais-je posé mes fesses à ses côtés. Je le détestais, il me répugnait rien que par sa présence. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'il était moche. Non, c'était plutôt le contraire. Mais son air prétentieux venait l'enlaidir juste assez pour qu'un rictus de dégoût s'affiche sur mes lèvres. Et dire qu'ils étaient plus loin, et dire que je me devais de passer la fin du repas collée à lui. Il ne voulait déjà plus me lâcher. J'avais frissonné quand j'ai senti sa main se poser sur ma hanche. Il a cru que c'était du plaisir. Moi, je voulais tout simplement rendre mon repas pas encore entamé. J'aurais voulu demander de l'aide à Ulysse ou à Pollux, voir même les deux mais je ne pouvais me résoudre à gâcher ma réputation dès la première soirée. J'aurais peut-être dû les prévenir de mon arrivée mais non, il a fallu que je la garde en surprise. J'aurais pu avoir une place au centre de la table, à leurs côtés. Au lieu de ça, je me retrouvais à l'une des extrémités, avec les… les comment? Ah oui, les "autres". Pour moi, toutes les personnes qui m'entouraient n'étaient qu'une excuse. Je ne supportais pas ça, je ne supportais plus. Pitié, par Merlin, faites que toute cette mascarade finisse!
 
Combien de temps est-il déjà passé ? 5, 10, 20 minutes ? Pour moi, il me semblait déjà bien trop longtemps, une éternité. J’étouffais, je suffoquais, je mourrais à petit feu… Bon d’accord, j’exagère peut-être un peu, mais tout ça pour dire que je voulais que ce repas finisse au plus vite. Je ne touchais pas à grand-chose si ce n’est des légumes. Je passais mon temps à jouer avec ma fourchette, le regard froid, un air de consternation sur mon visage. Personne ne m’avait parlé, même pas Lui, cet imbécile qui me servait de fiancé. Et bien, quel accueil chaleureux ils me font, ces serpentards ! Comme à leur image, c'est-à-dire, glacial. D’un côté, je ne m’attendais pas à plus. Et puis, moi-même je n’avais fait aucun effort pour me paraître aimable. Non mais et puis quoi encore ? Pourquoi devrais-je être toute mielleuse alors que les autres me regardaient à peine ? Bon, j’avoue avoir aperçu une petite lueur de curiosité dès que le Choixpeau a prononcé le nom de la maison auquel j’étais destinée, mais personne ne s’était manifesté pour la satisfaire. Et à vrai dire, je m’en portais pas plus mal. En réalité, je ne suis pas spécialement une reine de glace, ou une méchante fille. Non, pas tellement que ça, je peux même être gentille, c’est juste que… Voilà, je n’avais juste pas envie de me retrouver à l’écart et surtout, ne dire à personne que ce bout de tissu avait hésité à me placer dans la maison de la Sagesse. Il est vrai que j’aime lire et le calme mais ce n’est pas pour autant que je ne sais m’amuser. Loin de là. Je suis juste un peu trop ambitieuse pour faire partir des Serdaigle, c’est tout. L’ambition, le qualificatif des Alinovitch et je ne faisais pas exception…
 
Enfin, le repas se terminait. Je vis Ulysse se lever en compagnie de Pollux et un autre, Iemelan j’en déduisais. Mon ex-fiancé m’avait parlé de lui, de ce meilleur ami avec qui ils formaient à trois, la royauté des serpents d’argent. Je souris alors de satisfaction en voyant tous les autres se lever en même temps. Ils sont partis en premier, je suivais mon futur mari, quelques pas derrières. J’aurais voulu sauter dans les bras du préfet-en-chef et de mon meilleur ami, Pollux mais pas maintenant. Quand nous serons seuls, je leur montrerais à quel point ils m’ont manqué. Et ainsi donc, je les suivais jusqu’aux cachots, entrant derrière ce tableau avant de me retrouver dans la salle commune des serpentards, glaciale et inquiétante, comme à l’effigie de la maison. Mon fiancé me retint pendant de longues minutes, m’ordonnant ci et ça, m’interdisant ci et ça. Je ne l’écoutais que d’une oreille, mon regard se baladant dans la salle. J’avais remarqué plus tôt qu’Ulysse était remonté dans son dortoir. Je soupirais.  « Tu m’écoutes quand je te parles ! » Tout de suite, en entendant le ton qu’il avait employé, je fronçais les sourcils. Non mais pour qui il se prenait ? Ce n’était pas parce qu’il était mon fiancé qu’il avait le droit de me parler ainsi !  « Je ne te permets pas d’hausser le ton ainsi devant moi ! Et je suis fatiguée, je monte. » Je ne lui laissais même pas le temps de répliquer que déjà, j’entrepris de monter. Où se trouvait la chambre d’Ulysse ? Ce ne fut pas compliqué vu le gros PREFET EN CHEF greffé sur la porte de ses lettres dorées. Je ne pris pas la peine de toquer. De toute façon, il devait être seul et si ce n’était pas le cas… Et bien, il fera sortir les autres occupants de la pièce !
 
Il était couché dans son lit, sur le dos, les yeux fermés. Dormait-il ? Non, sûrement pas, pas aussi tôt en tout cas. Doucement, je refermais la porte derrière moi avant de me diriger silencieusement vers son lit. Et sans même lui demander la permission, je me couchais à ses côtés. Non, je ne me gênais pas, pas avec lui en tout cas. De toute façon, ce n’était pas comme s’il allait me jarter alors. Doucement, je m’approchais avec un petit sourire taquin avant de lui murmurer  « Alors, je t’ai manqué ? Tu ne t’y attendais pas à ça hein, avoue ! » Sûrement vu qu’une semaine auparavant, il avait encore reçu une lettre de Russie disant à quel point j’étais en colère, frustrée et tout et tout parce que mes parents allaient me présenter à mon fiancé. Sauf que, bien entendu, j’ai omis de dire qu’il était britannique. Mais bon, il l’a bien remarqué.
 
Et tandis que j’attendais sa réponse, je me roulais sur lui pour lui faire un petit câlin, enfouissant mon visage dans son cou. Il m’avait manqué… réellement…

Combien de temps n’avais plus senti se bras musclés autour de mon corps frêle ? Des années… Oh bien sûr, nous nous sommes revus après l’annulation de nos fiançailles mais ce ne fut jamais pareil, mes parents ne voulant plus que je fréquente les Lannister. Je comprends parfaitement la raison mais m’obliger à les suivre ? De plus, ce n’était pas de sa faute à Ulysse si son père était une honte pour cette noble famille alors pourquoi ? Je n’en ai jamais compris la raison. J’ai cherché à savoir, j’ai cherché à faire changer d’avis mon paternel, mais comme toujours il ne me prenait pas en considération. Après tout, qui suis-je pour parler ? Je ne suis que sa fille, rien de plus. Oui, que sa fille qu’il cherchait à vendre à un bon parti. Déjà que je ne le portais pas dans mon estime mais maintenant… Oui, notre relation entre Père et moi ne fut pas des plus chaleureuses, si l’on peut dire. Il était tout le temps en voyage et rare étaient les occasions où nous mangions en famille. Et Mère, quant à elle, elle était juste trop étouffante. Je crois que si ce n’était pas parce que je devais rencontrer mon fiancé, jamais elle ne m’aurait laissé quitter le Manoir familial…
 
Je sentais la main d’Ulysse dans mes cheveux, les caressant. Doucement, un sourire s’étira sur mes lèvres. J’aimais quand il faisait ça, quand il prenait soin de moi, et il savait que j’appréciais toute ses petites attentions particulières.
« je suis content que tu sois ici. Tu m'as manqué et ne t'en fais pas, tu es ici chez toi, je m'assurai que de ton intégration. » Sa voix était douce et paisible, celle qu’il ne prenait qu’en sa compagnie, lorsqu’ils n’étaient qu’entre eux. Oui, je savais qu’il allait prendre soin de moi, je savais qu’il ferait tout pour que je me sente comme chez moi dans la maison des Serpents. J’acquiesçais doucement avant de murmurer « Je sais, je te fais confiance. » Rares étaient les personnes qui pouvaient se compter parmi mes amis mais le peu que j’avais m’étaient vraiment fidèle, feraient tout pour moi. Et Ulysse était l’un d’eux, tout comme Pollux d’ailleurs. Justement, ça me faisait penser que je ne l’avais pas encore vu… Enfin si, pendant le repas mais ça ne compte pas. Bon, je me ferais pardonner demain au plus tard. Doucement, je me détachais d’Ulysse tout en restant dans ses bras. Mon visage souriant se releva tandis qu’il venait déposer un petit baiser sur mon front. Si quelqu’un entrait dans la pièce et nous voyait ainsi, cette personne n’en croirait pas ses yeux. Leur préfet-en-chef doux avec une fille ?! Pas n’importe laquelle, s’il vous plait. Mais tout de même… C’était d’Ulysse qu’on parlait-là ! Un Lannister n’était pas gentil comme un agneau ! Oh, il ne l’était pas, disons juste qu’il s’avait se montrer sur son meilleur jour et ce, devant n’importe qui.
 
 « alors dis-moi tout, tu es fiancée à qui ? et pourquoi les Alinovitch t’ont envoyé loin de ta terre natale ? » En l’entendant, je ne pu m’empêcher de renifler de dédain. Rien que de penser à lui me mettait en colère. D’ailleurs, je le lui montrais en claquant ma langue contre mon palais. « Le fils Williams ! Il est dans ton année, tu dois le connaître. Tu sais qu’il ne s’est même pas convenablement présenté lors de notre rencontre officielle ? Sa première phrase fut, je cite : « Je ne compte pas t’épouser. » Non mais quel mal élevé ! Ca ne m’étonne guère d’une petite famille comme la sienne. » Non, je savais que cette dernière phrase n’était pas correcte. Les Williams étaient puissants, moins que les Lannister certes, mais tout de même une des plus influençables de la haute société magique. Et je devais vraiment me compter chanceuse de devenir leur future belle-fille. Seulement voilà, je ne l’appréciais pas. D’un côté, je n’ai pas cherché à le connaître et j’avoue ne pas en avoir envie, du tout… Mais si je devais passer le restant de ma vie à ses côtés, je me devais de faire un minimum d’effort pour me montrer aimable… Et ça m’horripilait. « Père voulait que je rencontre mon fiancé, que j’apprenne à le connaître, que je passe du temps avec lui. Je crois aussi qu’il voulait se débarrasser de moi le plus vite possible. Voilà pourquoi je suis à Poudlard et non plus à Dumstrang. » Je n’exagérais en rien quand je disais que Dimitri Alinovitch voulait se débarrasser de moi au plus vite. Il avait voulu un fils ? Il n’a eu qu’une fille… Et mère qui ne voulait plus donner d’enfant… C’était pourtant son travail mais elle a juste baissé les bras après deux fausses-couches. Et on appelle ça une sang-pur… Pitoyable.