Encore une dispute sur le fait que je regarde trop de connasse. Je soupire librement, alors que je passe une de mes mains dans mes cheveux. Si je pouvais la faire taire, Dieu que je le ferais. Toutefois, ce n’est pas si simple. Je ne peux pas avoir le dernier mot avec la Gryffondor. C’est un truc que je ne peux jamais avoir avec elle. Depuis que je la connais, je n’ai jamais été capable d’accepter sa présence à mes côtés. Je n’en sais pas la raison, mais j’imagine que c’est la même chose avec toutes les personnes qui détestent un autre être humain seulement parce qu’ils existent. Je ne l’écoute que d’une oreille, alors que Daveigh me gueule dessus. Je fais le connard, parce que c’est le seul truc qu’elle mérite. Je n’aime pas ce genre d’altercation, puisque ça ne se termine pas dans son lit. Elle a un dernier cours et ne va pas le sécher pour être avec moi. Même si je lui promets de la faire crier de joie. Malheureusement, il y a des jours comme ça où je ne suis tout simplement pas chanceux. La blonde qui voulait absolument m’avoir à ses pieds passe à mes côtés. Je ne peux pas m’en passer, il faut que je me retourne vers elle. Aysun s’arrête et passe une main sur mon torse. Avant que je ne puisse la toucher, elle se casse, me laissant avec une brune canon extrêmement en colère. « T’ES CON, AUXENCE » et gifle. Ma tête tourne légèrement alors que le sentiment de la gifle affecte ma joue. Je me compose un sourire léger et arrogant. Le genre de sourire que je sais faire à tout va et puis, ce n’est pas comme si je n’avais pas mérité ce que Daveigh venait de me faire subir. Quelques instants auparavant, Je flirtais ouvertement avec Aysun. Je le fais principalement pour énerver Davy, mais aussi parce que c’est vachement plus sympa ainsi.

La brunette se casse rapidement après un dernier regard dans ma direction. Maintenant qu’elle ne m’observe plus, je laisse le masque tomber. Je n’ai jamais réellement su pourquoi moi, Auxence Norlander-Fields, le roi du je m’en foutisme, je n’arrivais pas à encadrer la tête de la sulfureuse Gryffondor. Je ne suis pas capable de détester une personne tout simplement parce que je ne tiens pas assez au gens pour avoir quelconque sentiment à leur égard. Quand je parle des gens, je ne compte définitivement pas Nolhan et Anatasie. Ils sont mes meilleurs potes, alors forcément, je ne peux rien faire sans eux. Je marche rapidement dans les corridors, j’ai faim. Mes cours viennent finalement de se terminer et ainsi, je peux aller manger librement dans la grande salle. Je rêve de ce moment depuis deux heures. Lorsque je ne pense pas aux filles, au emmerdes que je vais m’attirer avec mes potes ou parfois à mes examens qui approchent, je pense à la bouffe. Je croise le regard de Cordélia, mais je détourne. Je ne compte pas l’affronter maintenant, avec Aysun ET Daveigh dans le coin. Elle entre dans la grande salle et je la suis. Je mange rapidement et je participe peu à la discussion que les autres Serdaigles ont à l’entour de moi. Si ils avaient été des gens avec qui j’ai des affinités, je me serais impliqué. Je ne suis pas juste un gros con. J’en suis loin d’ailleurs. C’est une sorte de carapace et puis, j’aime draguer les filles. Je ne sais pas trop comment je sais ce genre de truc, mais ce n’est pas en étant gentil qu’elles viennent à nous. Il faut être con et ça fonctionne. Ça fonctionne pour la majorité des filles, mais pas sur celle que je veux en ce moment. D’ailleurs, parlant de Cordélia, elle allait s’en aller. Je vois de loin qu’Anatasie n’y porte pas attention … pour l’instant, alors je saute sur l’occasion. Je me redresse et me lance à sa poursuite. J’arrive proche du Hall d’Entrée et finalement je la vois. Je l’interpelle et arrive à ses côtés, mettant des efforts afin d’afficher un sourire qui ne relève pas du sarcasme. « Cordy, ça te dit de faire un truc avec moi ? » Je n’ai jamais dit que j’arriverais à contrôler mes paroles.

REBEKAH - « ... Mais tu pourrais lui laisser une chance, non? Il a l'air vraiment attaché à toi et... »

CORDELIA - « On en a déjà discuté plusieurs fois Rebekah et tu connais déjà mon avis sur la question. De plus, je ne ressens plus rien pour lui. Il appartient à un passé bien révolu depuis longtemps. »

Gros mensonge. Elle aimait toujours Anatasie et elle savait qu'il serait jamais le seul dans son cœur mais elle ne pouvait pas se permettre de se laisser aller à ses sentiment. Elle savait que les conséquences en seraient probablement aussi dramatiques que la première fois. Et elle ne voulait pas revivre ça. Plus encore, elle ne souhaitait pas que l'homme qu'elle aime souffre – voire meurt – de nouveau par sa faute. Ils devaient rester éloignés le plus possible l'un de l'autre pour éviter que l'histoire ne se répète. Et tant pis si elle devait passer pour la garce de service auprès de tous pour que ça fonctionne, le jeu en valait la chandelle. Un silence un peu lourd venait de s'installer entre les deux jeunes filles et pour cause : c'était rare qu'elles ne soient pas d'accord sur un point. Les deux serpentardes étaient liées comme les doigts de la main et les sujets qui pouvaient les diviser n'étaient vraiment pas monnaie courante. Cependant, c'était vrai que les affaires de cœur de la blonde en faisaient partie. Dans tout Poudlard, Cordélia Dawkins-Buckley était connue pour être LA fille inaccessible, celle que nul homme n'arrivait à avoir. L'éternelle célibataire. Ce n'était pas qu'elle rebutait les mâles – loin de là, ils étaient nombreux à essayer d'obtenir ses faveurs – cependant, elle ne montrait que froideur et désintéressement face aux diverses tentatives de séduction qu'on tentait de lui faire. Certains murmuraient dans les couloirs qu'elle était probablement lesbienne, d'autres encore plus nombreux, qu'elle n'avait pas de cœur Mais ils avaient tous tort. Ils ne la connaissaient absolument pas et ils se permettaient d'émettre des ragots erronés à son sujet. Grand bien leur fasse, elle s'en fichait royalement. Ses yeux vert glissèrent rapidement sur la table des professeurs et son regard rencontra celui du directeur, se chargent immédiatement de malveillance à son égard. Oui, elle le haïssait. Totalement. Elle savait qui il était et elle le tenait pour responsable de ce qui était arrivé à Gabriel. Rejetant avec un certain fracas qui fit tourner quelques dans sa direction sa fourchette sur son assiette à moitié vide, elle essuya sa bouche avant de glisser à sa meilleure amie qu'elle n'avait plus faim et qu'elle rentrait se coucher. Elle savait que cette dernière n'était pas dupe et qu'elle se doutait qu'elle irait illégalement se balader dans le parc cette nuit mais qu'importe : les oreilles mal placées, elles, penseraient le contraire. Elle se releva et sans un regard pour qui que ce soit, avec sa prestance et son ignorance pour le reste du monde habituelle, elle quitta la grande salle, persuadée d'être enfin seule. Cependant, elle n'avait pas fait quelques pas qu'elle entendit une voix trop bien connue qui, malheureusement, aujourd'hui ne lui procurait plus le moindre plaisir qui soit. S'arrêtant et se retournant vers Auxence qui accourait dans sa direction, elle accueillit ce dernier avec un sourire hypocrite qui voulait bien dire ce qu'il laissait sous-entendre : « t'as intérêt à avoir quelque chose d'important à me dire ou sinon je te conseille de te barrer vite fait bien fait. ». Cependant, a peine eut-il ouvert la bouche qu'elle ne put s'empêcher de rouler des yeux. Certes, il n'avait aucun souvenir du passé, d'accord c'était un coureur de jupons plus que connu pour ses frasques dans tout le château mais il ne pouvait pas comprendre comme n'importe qui que quand elle disait non, c'était un non plus que définitif? Elle croisa les bras sur sa poitrine alors qu'elle se penchait un peu dans sa direction, parlant d'une voix sarcastique et un brin moqueuse, le jeune homme habitué à un tel ton avec elle depuis qu'il la draguait.

CORDELIA - «  Je suppose que par 'faire quelque chose avec toi' tu n'entends pas nos devoirs ou une innocente partie d'échecs alors je pense que tu connais déjà ma réponse à ce sujet. » Elle s'apprêtait à partir quand cependant, elle s'arrêta en plein mouvement pour se retourner de nouveau vers lui, reprenant la parole d'une voix encore un peu plus tranchante « De plus, pour toi ça sera Cordélia. La dernière fois que j'ai vérifié, nous n'étions pas amis, les surnoms affectifs tu te les gardes pour eux ou pour tes petites trainées qui écartent les cuisses au moindre claquement de doigts, ok? »

Oui, elle était dure mais pour être honnête, elle était affreusement déçue. Déçue de la personne qu'il était devenu, déçu de cette manière qu'il avait de la relancer continuellement depuis un an pour qu'elle couche avec lui. N'était-il pas autrefois son frère de cœur, son petit Nathaniel? Celui dont elle prenait soin comme si elle en était la mère. Elle ne savait pas comment réagir avec cette situation. Elle était affreusement dégoutée par tout ce petit manège mais aussi, totalement peinée. Elle savait, une fois ses souvenirs revenus, que les choses ne seraient jamais comme avant. Mais honnêtement, naïvement quelque part tout au fond de son cœur, elle avait espéré que si elle devrait renoncer à Anatasie, elle pourrait garder son confident d'avant. Mais elle avait eu tort, elle avait fini par s'y résigner. Et cela n'avait fait que briser un peu plus son cœur déjà en mille morceaux...